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Conseils

Les crises de colère chez l'enfant : que faire?

03 avril 2023
Par La Haute Voltige

Le saviez-vous? La régulation émotionnelle est influencée par le développement du cerveau.

Le cortex cérébral est la partie «rationnelle» du cerveau et elle comprend le cortex préfrontal, responsable de l’inhibition et de l’autocontrôle. Hors, c’est cette partie du cerveau qui est la dernière à se développer et à se peaufiner chez l’enfant.

Il est donc très normal que votre tout-petit ait besoin d’accompagnement dans la gestion de ses émotions et qu’il fasse des crises de colère. Son cerveau n’a tout simplement pas la maturité suffisante pour être en mesure de gérer les émotions plus intenses.

Les étapes de la régulation émotionnelle chez l’enfant

Vers 2-3 ans, l’enfant entre dans l’étape développementale communément appelée le «terrible two». C’est une période où il connaîtra un développement intellectuel, social et affectif très accéléré. Le bambin découvre son indépendance et comprend qu’il a un certain contrôle sur son environnement et sur les personnes qui l’entourent.

Cette période est normale et saine dans son développement, car elle lui permet d’affirmer son individualité et d’acquérir de l’autonomie.

Jusqu’à 3-4 ans, l’enfant en développement manquera généralement de contrôle et de réflexion. Il ne comprend pas que les choses ne se déroulent pas toujours comme il le voudrait. Il a de la difficulté à gérer la colère et son langage ne lui permet pas encore tout à fait de s’exprimer comme il le souhaiterait.

En grandissant, les contraintes imposées par les figures d’autorité en général, mais surtout par ses parents, pourraient continuer d’engendrer des frustrations chez l’enfant. Celui-ci est très ancré dans le moment présent, il a donc beaucoup de difficultés à faire preuve de patience et recherche le plaisir immédiat.

Ce n’est entre 6 et 9 ans qu’il développera les fonctions cérébrales lui permettant de se projeter dans l’avenir. D’ici à ce que son cerveau ait la maturité nécessaire, c’est à vous, les parents, de faire preuve de patience et d’enseigner à votre enfant comment gérer ses émotions, trouver des stratégies et penser aux conséquences de ses actes.

Mais soyez sans crainte, cet article vous propose de nombreuses astuces pour y arriver!

La gestion des émotions au quotidien

Prenez le temps de vivre un moment agréable avec votre jeune

C’est en passant du temps avec votre enfant et en partageant de bons moments avec lui que vous pourrez renforcer le lien qui vous unis. Les petits rituels et les interactions positives auront un grand impact sur sa gestion émotionnelle.

  • Partagez des jeux, des sourires, des câlins et des regards complices
  • Accueillez ses émotions et faites preuve d’empathie
  • Soyez entièrement présent et essayer de consacrer du temps à un seul enfant à la fois si vous en avez plus d’un
  • Faites preuve d’ouverture et communiquez

Portez une attention particulière aux bons choix et aux efforts de votre enfant

Soulignez les efforts de votre enfant lorsqu’il réussit à se calmer, à se reprendre, à faire preuve de patience, etc. Donnez-lui de l’attention positive lorsqu’il se comporte bien plutôt que d’intervenir uniquement lorsque l’enfant est en crise ou qu’il n’écoute pas.

Pensez à la formulation de vos demandes

Lorsque vous faites une demande à votre enfant, ne lui laissez pas de choix lors de votre formulation et évitez les phrases ou les consignes trop longues.

  • Évitez les consignes doubles ou les «pourrais-tu…», «voudrais-tu être gentil et…»
  • Utilisez les formules directes : « Range tes choses s’il te plaît. »
  • Captez l’attention de votre enfant avant de formuler votre demande
  • Demandez-lui de répéter votre consigne pour s’assurer de sa compréhension
  • Renforcez son comportement lorsqu’il se met en action pour y répondre
  • Faites attention aux demandes déguisées en reproche

Enseignez des techniques et des stratégies de retour au calme

Afin de favoriser ses apprentissages, choisissez un moment où votre jeune est calme et disposé à travailler sur les techniques et stratégies. Expérimentez-les ensemble, elles peuvent être utiles à toute la famille!

Vous pouvez prévoir un endroit propice au calme dans la maison et en faire une zone de pause. Vous pouvez également préparer un bac de stratégies, faire des rappels visuels, etc.

La gestion des émotions lorsque l’enfant est en crise

Prenez le temps de bien observer le jeune

  • Questionnez-vous à savoir ce qui a causé la crise. Est-il fatigué? A-t-il faim? Est-ce que son frère lui a pris son jouet?
  • Analysez le contexte de la crise
  • Favorisez la prévention en décelant l’insécurité
  • Essayez de trouver le déclencheur. Parfois, certaines paroles ou votre unique présence peuvent provoquer la crise.

En prenant le temps d’observer et d’analyser la situation, il est souvent possible de mettre le doigt sur le problème et d’être ensuite en mesure de véritablement outiller l’enfant plutôt que de se concentrer uniquement sur le symptôme du problème.

Mettez des mots sur ce que l’enfant vit

Puisque votre enfant n’a peut-être pas le langage adéquat pour exprimer sa colère, sa frustration ou sa peine, ou pour expliquer pourquoi il a eu un certain comportement, vous pouvez lui servir d’interprète.

  • Reflétez l’émotion ou ce que vous comprenez de la situation
  • Aidez-le à reconnaître les émotions, à les accepter et à les exprimer adéquatement
  • Faites-lui comprendre que toutes les émotions sont saines, mais qu’il doit bien les gérer et qu’il y a une façon de les exprimer
  • Intervenez sur le choix de comportement et non sur l’émotion en tant que tel

Attention à vos propres réactions et émotions

Il est important d’intervenir de façon apaisante avec l’enfant. Il est déjà difficile pour lui de reconnaître et de gérer ses propres émotions, si celles du parent entrent en ligne de compte, l’enfant risque de rencontrer plus de difficultés à retrouver son sang-froid.

Votre but est que votre jeune retrouve son calme, vous devez donc inspirer vous-même le calme dans vos interventions, par une approche empathique. Vous aurez ainsi un effet régulateur sur lui, un peu comme un miroir!

Observez également comment votre intervention renforce ou non le comportement. Est-ce que celle-ci lui donne de l’attention négative? Est-ce que l’enfant se sent menacé par votre réaction?

Évitez d’argumenter avec votre enfant

  • Si possible, évitez le mot non, mais adoptez une position ferme tout en étant rassurante et régulée
  • Utilisez peu de mots, des phrases courtes et des consignes claires
  • Adoptez un ton de voix adapté et une posture adéquate
  • Attendez que l’enfant soit disposé avant de parler

Rappelez-vous que l’argumentation a souvent tendance à jeter de l’huile sur le feu et à faire escalader une situation qui était déjà tendue. Si vous sentez que la pression monte, expliquez que vous allez prendre une pause, coupez la discussion et retirez-vous au besoin.

Il vaut mieux prendre quelques minutes pour retrouver son calme que d’envenimer la situation.

Comment utiliser les conséquences ou le retrait

Tout d’abord, il est important de faire la différence entre une conséquence et une punition. La conséquence vient avec un apprentissage, ce qui n’est pas le cas de la punition, qui sert davantage à imposer son autorité ou son pouvoir sur l’autre.

Dans la plupart des crises, un temps de pause pour effectuer un retour au calme et un bon retour pour verbaliser et déconstruire la crise sont suffisants.

Il ne faut absolument pas tolérer les gestes de violence, mais il faut toutefois faire attention au régime de peur et aux menaces de conséquences, qui peuvent provoquer ou accentuer la crise et créer une «guerre de pouvoir» entre vous et votre enfant. Dans le cas d’un geste violent, un retrait et un geste de réparation sont suggérés.

Il est bon de se questionner à savoir s’il vaut mieux agir ou ignorer et surtout, éviter d’embarquer dans le jeu. Il est préférable, en général, de favoriser le renforcement et la responsabilisation de l’enfant.

Utiliser la pause

Comme mentionné dans la section précédente, le temps de pause est souvent bénéfique pour favoriser le retour au calme lors d’une crise. La pause est un temps d’arrêt obligatoire.

L’enfant peut choisir d’aller en pause ou celle-ci peut être imposée par le parent, dépendant du comportement. On parle à ce moment de retrait.

  • Accompagnez l’enfant dans un endroit calme, préalablement désigné (chaise, coin doux, chambre, etc.). Chez l’enfant anxieux, favorisez un endroit près de vous et nommez vos déplacements à l’enfant.
  • Accompagnez l’enfant dans son retour au calme en lui proposant des stratégies ou en le laissant se calmer seul.
  • Il n’y a pas de durée précise pour la pause ou le retrait, le but étant que l’enfant redevienne disposé à parler.
  • Il peut se passer plusieurs heures avant de retrouver un accès complet au cortex cérébral (langage, collaboration, gestion de l’impulsivité, conscience…) après une crise. Soyez patients avec votre enfant.

Quoi faire lorsque votre enfant a retrouvé son calme après une crise

Faites un bref retour

Une fois que tout le monde est calme et disposé à reprendre la discussion, on reprend la situation. Cela permet de favoriser les apprentissages (ce qui s’est passé) et aidera à tirer des leçons et à trouver des solutions afin d’utiliser les bons comportements la prochaine fois que la situation se présentera.

Favorisez la réparation

Votre rôle de parent est d’enseigner à votre enfant comment offrir réparation et l’amener à réfléchir à l’impact de ses comportements. 

Accompagnez l’enfant afin qu’il puisse réparer son geste au besoin, par exemple en allant présenter ses excuses, en faisant un dessin de réparation, en faisant un câlin, etc. Vous favoriserez ainsi le développement de son empathie et sa responsabilisation. Il pourra mieux comprendre l’impact de ses actions sur les autres et assumer la portée de ses gestes.

Rétablissez la relation

Une fois la crise terminée et le retour fait, il est primordial de consacrer du temps à réparer votre relation avec votre enfant. Montrez-lui votre affection et faites-lui un câlin.

Revenez rapidement dans le positif pour donner l’occasion à l’enfant de se reprendre et on tourne la page. Il n’est pas nécessaire de revenir sans cesse sur la situation une fois que le retour a été fait.

En conclusion

Les crises chez l’enfant sont normales, bien qu’elles soient souvent confrontantes pour le parent et qu’elles puisent dans votre réserve de patience! Rappelez-vous qu’avec votre regard d’adulte, elles peuvent vous sembler injustifiées ou exagérées, mais que le développement de leur cerveau ne leur permet tout simplement pas encore de gérer adéquatement toutes les émotions auxquelles les tout-petits sont confrontés.

Cela dit, si les crises de votre enfant sont constantes, violentes ou que vous perdez votre sang-froid et avez besoin de soutien pour accompagner votre jeune dans l’établissement de stratégies de retour au calme et de gestion des émotions, les professionnels de La Haute Voltige peuvent vous aider!

Nos psychoéducateurs et nos éducateurs spécialisés peuvent vous aider à mieux comprendre les situations conflictuelles et trouver la meilleure façon d’intervenir afin de retrouver une vie familiale harmonieuse.

Notre programme Adopter le bon comportement ou nos ateliers Habiletés sociales et Gestion de l’impulsivité peuvent également être de précieux outils pour aider votre enfant à mettre en place des stratégies qui l’accompagneront toute sa vie!

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